" Eylen & Jae Hyeong "

TENUE. En apercevant mon reflet, je me demandais si j’aurais dû me maquiller un petit peu, essayer de me rendre plus présentable. Mais je haussais les épaules. Cela faisait des années qu’il me connaissait. Me maquiller aurait sans doute éveillé ses soupçons. ça se trouve, ça ne lui aurait pas plu non plus. Je me mordillais nerveusement la lèvre inférieure. Sans m’en rendre compte, j’avais ralenti le pas. Etais-je bien sûre de mon choix ? Est-ce que je voulais vraiment m’engager dans cette voie-là ? La raison pour laquelle j’avais caché mes sentiments depuis tout ce temps était simple : je ne voulais pas gâcher notre longue amitié. Cette fois-ci, je m’étais arrêtée pour de bon. Est-ce que j’étais vraiment prête ? Dans ma tête, je m’étais montée plusieurs scénarios. Le premier, c’était celui que je préférais. J’entortillais nerveusement mes cheveux autour de mon doigt, tandis qu’il m’examinerait, sentant que je n’étais pas comme d’habitude. J’aurais d’abord rougi, détournant le regard. Mais il m’aurait dit que je pouvais tout lui dire, qu’on n’avait pas de secret entre nous. Alors je me serais lancée. J’avais préparé mon discours, je savais quoi dire. Mais je baissais toujours obstinément la tête, les joues rouges au fur et à mesure que je lui avouais la profondeur de mes sentiments. Je n’aurais pas vu ses réactions, mais je l’imagine passer de la surprise au sourire. Ce sourire qu’il avait quand il se sentait touché. Là, il m’aurait doucement relevé la tête, les yeux dans les yeux, il m’aurait dit que lui n’avait pas eu le courage d’avouer ses sentiments pour moi. Et là …

— Aaaaah.

Je réalisais qu’on me regardait étrangement alors que je m’agitais toute seule, excitée. Je me raclais la gorge et avançais d’un pas rapide. Les autres scénarios allait du simple « désolé, je préfère que l’on reste amis » au dégoût. Je préférais ne pas y penser. Je passais nerveusement la main dans mes cheveux quand mon œil fut attiré par quelque chose … Quelqu’un plutôt. Mais c’était Jae Hyeong ! Que faisait-il dans un hôpital ? Quelqu’un de sa famille était-il gravement malade ? Mon cœur se serra à l’idée que mon ami d’enfance soit affecté par cet événement et triste à l’idée qu’il ne m’ait rien dit. Je l’observais et il affichait cette mine étrange. Il paraissait triste et à la fois heureux. Je ne comprenais pas. Je l’appelais, agitant les mains pour qu’il puisse me voir, avant de courir vers lui.

— Jae Hyeong ! Pourquoi ne m’as-tu rien dit ?

Je lui offrais une mine boudeuse, tandis que je le poussais doucement sur le côté, lui exprimant mon mécontentement. Je pensais que nous partagions tout. Je ne voulais pas qu’il me cache quand il est triste. Parce que j’avais envie de le consoler.

" With Eyleen "



Nous étions en fin d’après midi, après une longue journée bien chargée à l’université, j’avais décidé de faire un tour à l’hôpital avant de rentrer. Hyung n’y était plus, cela faisait déjà quelques jours qu’il l’avait quitté, regagnant son quotidien d’il y a deux ans, il reprenait tout doucement. Père avait décidé qu’il devrait prendre du repos avant de retourner à ses affaires, alors il passait tout son temps à la maison, à vagabonder car il ne pouvait mettre un pied dehors, père le lui avait interdit. Ce qui fut totalement logique puisque sa disparition avait été gardée secrète pendant tout ce temps. Père avait fait croire à la presse qui n’avait cessé de le questionner qu’il avait envoyé son aîné à l’étranger. Aucune autre information n’avait été divulguée pour ne pas trop attirer l’attention des journalistes, mais surtout celle des trois autres familles. En réalité nous ignorons ce qui c’était réellement passé ce soir là, nous n’étions pas avec lui, et c’est seulement après que père avait fait envoyer quelqu’un, que nous avions compris ce qui c’était réellement passé, du moins nous suspections certaines choses. Lorsque l’accident arriva, père n’eut pas le choix que de me révéler toute la vérité, me dévoilant les problèmes qu’avait rencontré hyung par rapport à la compétition grandissante du aux élections. La sécurité avait été redoublée et l’on avait fait installer des caméras à l’extérieur tout autour de la construction. Je me rappelle que ce soir là, la colère l’avait pris. Je ne l’avais jamais vu dans cet état, c’était la première fois que je le voyais sous ce visage, parce que l’on s’en était pris à son fils, mais aussi parce qu’on l’avait attaqué de front. Alors que je marchai tranquillement dans les rues de Hongdae, je regagnai le bâtiment au loin, bien décidé à aller voir Mika, cette amie du lycée, une jeune femme blessée et déchirée par son passé. Un passé qui n’était pas si lointain que ça en réalité. Je l’aimais en secret alors plusieurs fois par semaine je venais lui rendre visite, et espérai qu’à chacune de ces visites elle s’éveillait tout doucement de son cauchemar.

Alors que j’étais seulement à quelques mètres de sa chambre, quelqu’un m’interpella. Quelqu’un dont je reconnu aussitôt la voix, cette voix, ce ne pouvait être qu’elle. Je me retournai automatiquement et jetai un regard en direction de la jeune femme. « Eyleen. »  Avais-je simplement dis alors qu’elle venait déjà en ma direction avec cette triste mine, comme si elle s’était sentie trahit.  Je n’eu pas le temps de faire quoi que ce soit qu’elle me poussait déjà à l’écart, et nous nous asseyons sur l’un des bancs.  Son regard plongé dans le mien persistait à découvrir la raison pour laquelle j’étais ici. « Et toi, pourquoi es-tu ici ? » Lui retournais-je sa question sous entendue. En vérité je ne lui avais jamais parlé de Mika, je n’en voyais pas vraiment l’utilité. Quel aurait été l’intérêt de lui partager que la femme qui faisait battre mon cœur avait frôlé la mort ? Je n’appréciai non plus partager mes sentiments aux autres, même avec les plus proches, de peur de les ennuyer tout simplement, alors je préférai rester silencieux, hormis avec hyung, bien sûr.

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