Comment expliquer ce que je ressentais à présent ? Comment expliquer à l'intention de ces hommes que je n'apporte qu'une infime importance envers ce qu'ils semblent vouloir débattre, à mes côtés ? Comment expliquer que je n'apprécie que très peu le simple fait qu'ils osent poser le pied au sein de mon propre bureau sans mon accord ? Comment expliquer cela ? Oui, comment ? Un soupir traversait vulgairement mes lippes tandis que je me contentais de balayer ma chevelure vers l'arrière de mon crâne. L'ennui semblait pointer le bout de son nez au sein de mon esprit et je tentais – avec tant bien que mal – de trouver un moyen de noyer celui-ci. Feuilletant les multiples papiers disposés sur la surface plane de mon bureau. Un café au creux de l'une de mes mains. Le regard rivé vers ce qu'il se trimait à l'extérieur. Rien ne semblait parvenir à trouver grâce à mes yeux. Si ce n'est, la terrible envie de tout envoyer paître afin de parvenir à prendre la fuite. Mais, cela semblait être une mauvaise idée. Très mauvaise. Je tentais de rester stoïque face à cette situation. Tout du moins... Au travers de ces quelques minutes qui suivirent ma réflexion intérieure. Téléphone portable épris au sein de ma main libre, voilà que je fouinais les contacts inscrits sur celui-ci tout en parvenant malgré tout à rester discret. Technique numéro une de l'homme mimant le fait d'être intéressé : hocher la tête et répliquer « oui » à chaque parole qui demande votre avis. Et ce, qu'importe la situation. Quand, soudain, l'illumination s'empara de mon faciès. Trahissant cette image sérieuse que je pouvais avoir tenue, un large sourire s'emparant peu à peu de mes lippes avant que je ne puisse me permettre de rédiger ce simple et unique message écrit à l'intention de cette jeune femme : « Hana. Dix minutes. Mon bureau. Vite. Cinq minutes de retard et je te rajoute de l'enfer comme bon me semble-t-il, compris ? » Une question rhétorique, en soit. Celle-ci appuyant l'idée que j'étais celui qui osait mener par le bout du nez cette gamine bien trop naïve et ignorante à mon goût. Et pourtant, j'avais foi en celle-ci. Foi en ces capacités de noyer définitivement mon ennui, et ainsi, parvenir à m'extirper de cette situation si désagréable que je vivais actuellement.
« Messieurs, si vous voulez bien m'excuser, j'ai un léger empêchement qui va, malheureusement, devoir me pousser à reporter cette agréable réunion. À l'évidence, je serais très certainement libre dans la semaine à venir afin de pouvoir discuter de cela plus en détail. N'hésitez pas à en parler à ma secrétaire, elle vous donnera d'avantage d'indications concernant mes horaires de liberté à vous offrir. » Prendre sur soi. Toujours prendre sur soi. Arborer cet air idiot digne des plus grands stéréotypes asiatiques, s'excuser, et pousser ces hommes quelconques à ne poser aucune question concernant ce fameux empêchement. Qui, à l'évidence, n'en était pas véritablement un. Une simple excuse, plutôt. Mais, qu'importe. Devaient-ils véritablement le savoir ? Je suppose que... Non. Je n'étais pas de cette tranche d'homme qui appréciait dévoiler au premier venu son intimité, et ce, malgré la proximité que je pouvais avoir avec celui-ci. Impossible. Impensable. Je me contentais, donc, de serrer ces mains multiples afin de clore cette entrevue qui m'avait paru être une éternité avant que je ne puisse, bien vite, rejoindre mon bureau. Combiné en main, la seule et unique personne que je devais avoir au bout du fil s'avérait être ma secrétaire. Lui indiquant, à l'évidence, d’énoncer le simple fait que je ne serais pas présent. Tout du moins, un court instant qui pousserait ces hommes à repousser bien d'avantage notre future rencontre. Ajoutant à cela, le simple fait qu'une jeune femme prénommée « Hana » se présentera. Et que celle-ci ne devait aucunement poser de question. Uniquement la pousser à me rejoindre.
Les femmes appréciaient se faire désirer. C'est un fait irrévocable. Et voilà qu'elle aussi semblait être concernée par ce simple fait. À mon plus grand regret, par ailleurs. Que diable pouvaient-elles penser. Cela semblait d'avantage m'exaspérer, et non, le contraire comme vous pouvez si bien le penser. Je ronchonnais intérieurement, pensant, au simple écho entendu que cette voix ne pouvait qu’émettre d'une seule et même personne. Malheureusement pour moi... Mon ouïe me faisait défaut. Pensant reconnaître celle-ci, ce ne fut pas le cas. Pas le moins du monde et je commençais à trouver le temps long. Bien trop long. « Mademoiselle Bakh. Si vous n'êtes pas là dans la minute à venir. Vous allez m'entendre. Ceci ne sont pas des paroles en l'air. Bien au contraire. » Un énième message écrit. Une énième menace.
L’astre solaire semblait se fondre sur l’océan, créant un brasier céleste délectable. Mes yeux contemplaient ce spectacle, avec émerveillement, tandis que les vagues régulières venaient chatouiller mes orteils, me plongeant dans un songe merveilleux.
« Hé, mademoiselle ! »
Une nuit éclatante sublimée d’un astre argenté me laissait admirative, alors que je ne voulais plus jamais repartir d’ici, mes cheveux se mêlant au sable, alors que j’observais en silence, les astres si lointains qui se voulaient doux et rassurants.
« Hé, mademoiselle ! »
Mes iris onyx finirent par disparaître derrière mes paupières, alors que je profitai encore des vagues qui venaient déranger mes pieds, alors que j’étais si détendue. Je ne pouvais pas m’empêcher de penser que j’étais bien heureuse ici.
« Oh Grognasse ! »
Avant même que je ne capte quoi que ce soit, je me retrouvai une énième fois les quatre fers en l’air, totalement déboussolée. Ah, mais oui. Quelle idée d’avoir pensé que je me trouvai tranquillement au bord de la plage… Quelle idée avait eu Bo Yung de me parler de son voyage dans les îles dominicaines. Je rêvais d’évasion, et de renouveau. Au lieu de cela, je me faisais violenter et malmener par un client. Je me redressai, avant d’épousseter mon tablier. J’étais énervée, mais du genre vraiment. Je fronçais les sourcils, arborait une mine mécontente. Non, mais j’avais pas rêvé ?! il m’avait traité de grognasse !
« Non, mais vous vous prenez pour qui ? m’époumonais-je, les mains sur les hanches, alors que je le toisais, sûre de moi. »
Je soupirai, avant de me calmer. Fait preuve de professionnalisme Hana, même si le patron t’apprécie, ça ne te garantie absolument pas qu’il ne va pas te virer si tu fais fuir un client. En même temps, c’est lui qui m’a cherché.
« Que puis-je faire pour vous ? » ajoutais-je alors, un grand sourire sur le coin des lèvres.
« Tu sais pas faire ton boulot, regarde, ces fruits sont moisis, c’est absolument dégoûtant ! » hurla-t-il en me lançant la barquette de pêche –effectivement toutes moisies- sur la tête, alors que je les attrapais in extremis, pour ne pas qu’elles s’écrasent sur le sol.
Il finit par partir, alors que je serrai la mâchoire pour ne pas me mettre à hurler, et à frapper dans tous les rayons. C’était au moins la troisième personne de la journée, et je commençais à en avoir particulièrement marre. Je n’avais qu’une seule hâte, rentrer chez moi, pour m’asseoir et lire un bon livre, tranquillement.
« Mademoiselle Bakh ! me cria-t-on depuis la remise.
-Oui, patron ?
-Vous pouvez y aller. »
« Yes ! » murmurai-je en faisant un geste de victoire, avant de filer au vestiaire, pour enfiler ma jupe à volant, et mon sous-pull noir, aux manches bouffantes. Attrapant mon sac, je jetai machinalement un coup d’œil à mon portable avant de remarquer que… depuis cinq minutes, mon créancier m’avait envoyé un message, m’ordonnant de me présenter à lui dans dix minutes. Mais, mais, il était à quinze minutes à pied de ma supérette !
Filant comme un éclair, je dérapai dans les rues, ne cessant de fixer, inquiète ma montre, alors qu’un nouveau message de menaces arrivait. J’allais vraiment finir par pleurer. J’avais l’impression que mon corps allait me lâcher, alors que je repoussais mes limites, pour aller le plus vite possible. Voilà déjà une minute de retard, et c’est à deux que je franchissais la porte de son bureau.
Mais évidemment, ça ne m’aurait absolument pas ressemblé si je ne m’étais pas étalée de tout mon long dans le hall, alors que dans la barre en fer tenant la porte cisaillait mon genou, me faisant frissonner d’effroi.
Je me redressai, alors, avant de regarder ma jambe droite.
« ça pisse le sang… gémis-je, avant de me rendre devant la secrétaire, qui me montra où me diriger. »
Je la remerciai, les yeux embués de larmes de douleur, et timidement, je frappais à la porte. Bordel de merde, comment je m’étais mit dans ce pétrin moi encore…
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Sujet: Re: you, me, again. w/ hana. Mar 3 Nov - 2:41
Une minute de retard, une minute de retard suffisait amplement à animer en ma personne ce sentiment d'animosité à l'égard de cette jeune femme qui semblait, apparemment, tout permis. Comment pouvait-elle agir ainsi ? Comment pouvait-elle agir de la manière la plus irréfléchie qu'il soit ? Sans conteste, je ne comprendrais jamais de tels comportements et, je ne souhaitais en aucun cas parvenir à le comprendre un jour. Me contentant simplement de tourner en rond au sein de ce bureau qui semblait bien trop grand, une fois seul au sein de celui-ci. Et, ce n'est que lorsque, enfin, une douce mélodie parvint à attirer mon attention que je pue comprendre que ces longues minutes d'attentes allaient prendre une fois. Quelques secondes avaient précédé cela avant que la jeune femme en question ne daigne pousser les portes vitrées et tintées de mon antre. À nouveau, elle arborait cette expression faciale de plus détestables qu'il soit. Ajoutant à cela, une tenue des plus déplorables, des yeux larmoyants, mais aussi, un genou légèrement accroché. Si je n'avais pas connaissance de sa situation actuelle, elle aurait très bien pu porter à confusion d'un simple regard extérieur à la situation actuelle. Que diable lui était-il encore arrivé ? Inlassablement, je me contentais de balayer ma chevelure vers l'arrière de mon crâne tout en ponctuant ce simple acte d'un soupir, lourd. Lassé. « Mademoiselle Bakh. Je ne suis, apparemment, pas au bout de mes peines avec vous. Vous m'en voyez désemparé. Et quelque peu désolé de vous avoir poussé à venir ici-même rapidement, mais c'était une question de timing. Rien de plus simple que cela, en soit. Maintenant, si vous voulez bien évitez de m'affliger cette vision ignoble que peut-être celle de votre plaie jonchant sur votre genou. Par pitié. » Mimant une mine légèrement dégoûtée, je poussais de nouveau cette jeune femme auprès de ses retranchements.
Et, dans un élan de bonté. J'osais agir de ma propre volonté. Extirpant de l'un des multiples tiroirs clos de l'un de ces multiples meubles se trouvant à mes côtés : une trousse de soins, qui trouva, bien vite repos au creux de tes mains. Je t'offrais cette aide, certes. Mais loin de moi, l'idée de daigner apporter véritablement celle-ci. Ou, tout du moins. Agir en conséquence. « Utilisez ça, vous le voulez bien. Prenez place sur l'un des fauteuils. Je vous expliquerais par la suite vos obligations en cette journée qui sera bien longue, pour vous. Une minute de retard. Une heure ajoutée à votre calvaire. Quelle tristesse. Vous qui semblez si fatiguée. » Voilà, qu'à nouveau, l'être si détestable faisant son apparition. Aucune pitié. Aucune gentillesse. Rien de tout cela. Me contentant d’arborer ce masque restant de marbre face à cette situation. J'allais simplement profiter de celle-ci afin de noyer mon ennui. Définitivement. C'est bien, d'ailleurs, pour cela que je me permis de prendre à nouveau place sur ce siège fort confortable qu'est celui que j'occupe la plupart du temps. Celui-ci m'offrait une position importante et supérieure aux yeux d'autrui. Agréable, en soit.
« Souhaitez-vous que je rajoute à votre « calvaire » une heure, en plus ? N'est-ce pas ? Alors, vite, vite. La prochaine fois, contentez-vous de faire attention. Il faut savoir gérer son temps, Mademoiselle Bakh. En attendant, dès que vous avez terminé cela. Allez simplement voir la secrétaire et demandez lui si je n'ai pas reçu d'autres dossiers, et si, les trois hommes qui lui ont auparavant rendu visite ont abandonné l'idée de me revoir. Ce sera tout, pour le moment. » Un fin sourire ponctuant ces paroles et voilà que j'osais me la jouer « tirant ». Attisant l'animosité que cette jeune femme pouvait avoir créer à mon égard, je me contentais de glisser mes bras contre mon torse, fixant le moindre de ses actions avec une mine peu convaincue. Au final. Et, après mure réflexion. Elle ressemblait fortement à l'une de mes cadettes, mais, pouvais-je agir aussi « lâchement » auprès de celle-ci ? J'en doute. Je douterais toujours. Je ne pouvais aucunement me permettre de laisser quiconque en dehors de ma propre famille percevoir ces faiblesses qui faisaient – pourtant – parti de mon quotidien.
Sujet: Re: you, me, again. w/ hana. Sam 14 Nov - 23:47
You, me, again.
Avec Kwang Jun Ho.
Je ne pouvais pas me l’encadrer. Ce mec, j’avais beau faire tous les efforts inimaginables, et me dire qu’au final il était cool, voilà que je finissais toujours par me dire qu’il était vraiment détestable. A vrai dire, il avait l’air de tout faire pour me donner cette terrible impression, bien que je me débrouillai du mieux que je pouvais pour tenter de lui rendre un côté humain. En fait, plus ça allait, plus je me rendais compte qu’il n’était qu’une ordure, et si j’en avais eu les tripes, probablement lui aurai-je décroché une gifle magistral, pour le calmer un peu. Ça arriverait un jour. Un jour, j’en aurai marre, c’était inévitable. Puis, il prononça la phrase de trop, et je fronçais les sourcils, avant de soupirer, en serrant la mâchoire. Je finis par lâcher un rire nerveux.
« Une question de timing, hein ? Mais vous croyez qu’on est tous des fils à papa, bien assit dans leur fauteuil parce que le daron a tout fait pour qu’on soit à cette place ? Vous ne méritez même pas votre poste. » Sifflai-je.
Puis, je rougis. Merde. Peut-être que pour le coup j’en avais un peu trop dit, et peut-être qu’il allait me le faire payer. Si je commençais comme ça uniquement le premier jour, je n’étais certainement pas au bout de mes peines. Il fallait dire que j’avais plutôt eu une journée difficile, et qu’il n’était que la cerise sur le gâteau de ce jour dont je ne voyais la fin. Finalement, il me tendit une trousse de secours, de laquelle j’extirpai simplement un pansement, pour le coller sur la plaie saignante, qui barrait mon genou. J’étais vraiment la reine des maladresses. Un jour, j’allais finir par en mourir. Si je ne mourrai pas d’épuisement avant, avec tout ce qu’il me faisait faire celui là. « Faites ci, faites ça, et vite ».
Je me contentais d’acquiescer, comme si je n’avais jamais pété les plombs auparavant. S’il y avait bien une chose que j’avais apprit dans mon travail, c’était bien de savoir garder le contrôle de moi-même, afin de satisfaire au mieux les clients, même les plus lourds, même ceux auxquels j’avais simplement envie de mettre un coup de boule en fait. Un sourire amical se dessina sur mon visage. Que je devais avoir l’air niaise comme ça, mais je ne pouvais pas m’empêcher d’essayer d’être sympathique malgré tout. Il avait beau m’être antipathique, je pouvais simplement continuer de croire qu’il était sympathique au fond de lui. Il devait forcément avoir une faiblesse, et je taperai là où il faudra le jour où l’occasion se présentera. Sans lui faire trop mal non plus, le pauvre.
Sans dire un mot, je m’exécutai simplement, allant voir, pleine de la joie qui me caractérisait, la secrétaire de ce dit Kwang. C’était ma parade à moi, contre la colère et la tristesse, j’étais heureuse. Ça ne voulait pas dire qu’au fond de moi je ne bouillai pas, seulement, j’avais apprit à tout refouler, pour péter un câble quand j’étais toute seule, ou quand je perdais vraiment les pédales dans ce monde de tarés.
Allez savoir comment j’avais fini par me retrouver dans cette situation délicate. Comment j’avais pu signer ce contrat débile qui m’enchaînait à ce type. Il faut croire qu’il était vraiment facile de se jouer d’une gamine naïve et apeurée. Et il n’avait pas vraiment hésité, moi qui avait toujours tout fait pour rendre ma vie le moins compliqué possible, j’arrivai toujours à m’embarquer dans des situations dérisoires. Je pouvais dire que je savais ce qu’était la misère, et une vie difficile. Au fond, ce n’était pas plus mal, puisqu’après la tempête vient le beau temps. Je ne cessai de me le répéter. Parce que c’était vrai après tout. J’étais convaincue que je finirai par avoir une vie convenable. Pas forcément dans l’aisance, ni même la richesse, mais un jour, ma peine me deviendrait beaucoup moins lourde, du coup elle me paraîtrait tout simplement idiote et beaucoup plus facile à vivre. En fait c’était cet espoir que je nourrissais qui me permettait de garder cet aspect positif et joyeux qu’on me connaissait, et qui, au final, me caractérisait.
Une fois ce que Kwang désirait, récupéré, je me rendais dans son bureau. Je n’avais pas la moindre idée de ce que je lui apportai. Bonne ou mauvaise idée, mais la seule chose qui me traversa l’esprit fut qu’au final, sa secrétaire aurait très bien pu se déplacer jusqu’à Monsieur pour lui dire ce qu’il avait envie de savoir. Il n’avait pas vraiment besoin de moi, et puis, elle était payée pour ça après tout. Définitivement, Kwang m’exaspérait.
Je déposai avec douceur la pile de papiers que j’avais dans les mains, prêtant bien attention à ne rien renverser, pour ne pas m’enchainer à une nouvelle tâche encore plus ingrate que les précédentes. J’étais connue pour être maladroite, mais cette fois, ma maladresse ne me porterait pas préjudice !