tenue + Le réveil sonna si tôt. Avec le boulot d’hier soir et les devoirs à travailler pour l’université, la nuit fut courte. Même si ma carcasse encore engourdie par le sommeil s’extirpait de ma douce couette, je savais que jamais ne déchargerait mon emploi du temps. Les pieds trainants, les cheveux en fouillis, la mine désastreuse, je laissai l’eau coulée pour amener la chaleur dans cet espace encore frigorifié. L’atmosphère à bonne température, je me glissai dans la douche pour m’éveiller. Cette journée allait être parfaite. Soit en sûre afin de t’éveiller au mieux, je me persuadai. L’épisode salle de bain terminait. C’était à celui de la cuisine d’entrer en scène. Cependant, cela me désillusionna. Le frigidaire habitait un tel vide. Seule, une bouteille de multi-fruit dont la date était passée.. Devrai-je mettre un pied dehors ? Annoncé comme telle, la suite ne prédisait rien de bien encourageant. Le ventre vide, j’attrapai mon sac de cours et mon manteau.
Un énième signe, mon cours de la matinée fut annulé. Aucune explication, aucune excuse. Une envie d’hurler s’offrit à moi mais, mes lèvres se resserrèrent et je bougonnai face au tableau. Retourner me coucher et hiberner, aller à la bibliothèque et réviser, ou que sais-je encore, j’eus du mal à me décider afin de m’occuper. Un blanc soudain dans mon emploi du temps apparaissait et je me retrouvai perdue. Certains groupes d’étudiants s’évaporaient à droit et à gauche, d’autres restaient en attente d’un miracle. Au même instant que ce mouvement de foule, mon ventre cria famine. Finalement, il semblerait que je trouvai la solution afin d’occuper l’heure à venir. Ni une, ni deux, je quittai l’amphithéâtre en direction d’un endroit où manger.
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C’est ainsi que je me retrouve dans ce café. Accueillant et croulant sous les bonnes appréciations, je suis bien décidée d’en juger par moi-même. Un beignet à la fraise et une chocolat chaud commandée, je salive déjà, avant même que les éléments ne se trouvent face à moi. Au même instant, mon téléphone sonne. Ma mère. Je m’empresse de décrocher et comme toujours, le même discours s’installe. Oui, je vais bien. Oui, je mange bien. Oui, j’ai une vie sociable stable et personne ne me fait des misères. En parallèle, je règle ma commande. Après quelques secondes à tergiverser du comment prendre tous ceci avec mon téléphone encore à l’oreille, j’ose saisir tout d’une seule main. Puis, je continue ma discussion ;
« Maman, rien n’a changé depuis hier.. Tout va bien. » Dorénavant ils s’inquiètent. Alarmés à la moindre petite contrariété lue sur mon visage, je ne sais comment les rassurer. Même mes paroles ne suffisent..
« Bon, je te laisse. Je rentre en cours. Bisou ! » Mentir n’est pas bien. Cependant, l’appel du ventre est si grand que j’ai hâte de le contenter. Seulement, les aléas de la vie le désire autrement et alors que je raccroche, je me ne fis pas attention où je marche et je me cogne à un inconnu.
Une partie de mon chocolat se renverse sur son haut. Je tente de rattraper le coup en ne m’étalant pas totalement sur cette personne et je m’empresse de répondre ;
« Oh excusez-moi, je n’ai pas fait attention.. Oh quelle maladroite, vos vêtements.. Je connais un bon teinturier, si vous souhaitez, je vous passe ma carte et je vous paierai le désastre.. » Mes yeux ne quittent pas les habits souillés. Dans ma perte totale de calme, j‘en oublie d‘avoir un comportement correct. Mon bégaiement écorche quelques mots par-ci, par-là. J’ose utiliser les serviettes du café en espérant éponger.. Seulement, je m’arrête en cours et recule. Mon attention s’élève sur le visage de l’inconnu et je ne cache pas mon étonnement.
« Oh.. Vous. » Je ravale ma salive difficilement. Il ne manque plus que cet événement pour parfaire le tableau. Face à monsieur Kwang, l’étudiant maladroite que je suis, se doit de souligner ;
« Je n’ai pas fait exprès.. Monsieur. » Ma tête se baisse faisant face au désastre. C’est vrai, je n’ai rien prémédité sur ce coup-là. C’est juste un mauvais karma..
« je vous invite ? » proposé-je, avec un sourire crispé. Non. En faite, ne souris pas, il ne risque pas d'aimer. Mes lèvres se pincent et mon visage affiche une mine désolée.