feat. Ku Hye Sun.❖ Nom : Kim.
❖ Prénom : Young Nae.
❖ Age et date de naissance : 11/04/1998 -17 ans.
❖ Nationalité : Coréenne.
❖ Statut amoureux : Célibataire.
❖ Famille (groupe) : Kim.
❖ Métier ou Etudes : Lycéenne.
❖ Caractère : Impulsive. - Douce. - Grande Gueule. - Souriante. - Têtue. - Avenante. - Maladroite. - Humble. - Naïve. - Abordable. - Influençable.

Il paraît que la souffrance vous forge une certaine âme. Assez forte pour subir n’importe quelle douleur, assez forte pour permettre à un corps même de se relever. Même s’il ne s’agit que d’un souvenir vague de mon enfance, je me rappelle amèrement de ce sentiment qui me prenait aux tripes. Même s’il ne s’agit que d’une simple fois, même si ce n’est que l’affaire de quelques minutes, jamais cette douleur ne quittera mon cœur. Elle l’a marqué à jamais, d’une cicatrice qui menace sans cesse de saigner.

Je suis née avec un certain handicap. Celui que l’on veut cacher car il affecte le mental. Parce que les gens ont tout simplement l’impression que je suis attardée. Je suis simplement prise d’un handicap, que tout le monde connaît, mais que peu savent appréhender. Je ne peux pas entendre. Depuis mon enfance, on a diagnostiqué que j’étais sourde. Et cela dérangeait mon père. Car je suis incapable de m’exprimer correctement. Il fallait donc m’éloigner. Le plus loin possible. Je n’ai par conséquent, aucuns souvenirs de ma vie en Corée, si ce n’est cette journée noire à l’aéroport. Le ciel était clair, sublimé d’un soleil radieux, alors que devant cet engin imposant, ma mère me serrait une dernière fois dans mes bras. Une mère, qui, de toute sa force avait tenté d’élever une enfant handicapée, ne prêtant aucune attention au regard des autres.

« C’est pour ton bien, Young Nae, tu verras, en Australie, tu trouveras les meilleures écoles pour t’aider. »

Je n’étais qu’une enfant innocente à cette époque, et la seule chose que je voulais était de rester auprès de ma famille que je chérissais tant en ce moment. Je voulais rester auprès de cette mère qui me protégeait de mes cauchemars, qui me rassurait lorsque j’avais peur. Qui me réconfortait lorsque mon père me faisait mal. Elle était mon ange gardien.

« Maman, où est papa ? »

Je n’étais qu’une enfant innocente à cette époque, et la seule chose que je voulais, c’était de voir mon père. J’aimais cet homme qui pourtant, semblait me haïr, qui pourtant, semblait vouloir à tout prix me voir disparaître de sa vie, comme une tâche sur une chemise. Son absence me manquait, elle brisait ce qu’il me restait d’espoir, et de joie. J’espérai qu’il voie à quel point j’étais malheureuse, pour qu’il renonce à m’envoyer loin de toute ma famille. Un sourire triste s’afficha alors sur le visage de ma mère, qui passa affectueusement sa main dans mes cheveux, tout en me tenant l’épaule, accroupie, pour être à ma hauteur.

« Young Nae, ton père a beaucoup de travail, mais il te fait des bisous. Il t’aime ton père, saches le. »

Maman m’avait rassuré. Elle avait apaisé ce brasier qui s’était formé dans mon cœur. Je ne comprenais pas qu’elle me mentait pour me protéger, je la croyais. Mes petites mains vinrent se rejoindre dans la nuque de cette femme qui représentait tellement pour moi. C’était la première fois que j’avais le droit à autant d’affection de sa part. Elle avait toujours semblé gênée à l’idée de montrer des marques d’amour.

Je me souviens bien avoir vu une larme couler sur sa joue, aussi furtivement que cette brise qui vint balayer nos cheveux, pour découvrir mon visage, baigné par mes pleurs. Si maman avait prêté attention, elle aurait pu entendre mon cœur se briser, lorsqu’elle s’était décalée.

« Young Nae, ma puce, soit courageuse. Soit forte, d’accord ? Tu reviendras vite. »

Je pense que c’était la dernière fois que ma mère utilisait ce langage des signes que j’avais encore du mal à maîtrisé, et c’est la dernière fois que j’ai pleuré pour la famille Kim, qui me donnait cette terrible impression de m’abandonner, alors qu’une femme, d’une quarantaine d’années m’attrapait la main, pour m’entraîner avec elle dans cet oiseau de fer, m’éloignant pour des dizaines d’années de ma mère.

J’ai grandit dans un institut. Ce genre d’endroit fait pour les enfants qui ne sont pas comme les autres. Parfois, parce que les parents les aiment, et veulent les aider, ils les mettent ici. D’autres, parce qu’ils ont trop honte pour les montrer aux yeux du monde. Mais j’étais bien trop jeune pour comprendre ça. Je pensais que j’allais vite rentrer, et cette idée ne me quittait jamais l’esprit. Lors des vacances, quand l’internat était fermé, une vieille femme s’occupait de moi. Elle me consolait, me cajolait, tout comme l’avait fait ma mère pendant cinq ans. Cependant, je sentais toujours ce manque que ma génitrice procurait en moi.

« Ecrit une lettre Young Nae, ça te soulagera peut-être. »

J’avais douze années. Sept ans avaient passées sans qu’aucune nouvelle de ma famille ne me soit apportée. Devais-je faire le premier pas ?

« Maman,

J’espère qu’à la maison tout va bien. En sept ans, j’ai pu me faire des amis, qui sont tous dans le même cas que moi. Ils sont tous différents de ceux qui nous regardent bizarrement en nous entendant nous exprimer. Les professeurs à nos côtés nous accompagnent au quotidien, pour nous apprendre à vivre avec notre handicap. Nous avons eu des cours de dictions, et la mienne s’est améliorée, en anglais du moins. A ta demande, ma tante a engagé un professeur de diction coréenne, il m’a dit que je faisais des progrès considérables. Peut-être qu’ainsi je pourrai rentrer rapidement chez nous.

J’ai apprit que Papa était devenu le ministre de l’éducation nationale. Je comprends mieux pourquoi il a voulu m’éloigner. Il ne fallait pas entacher sa réputation. J’espère qu’aujourd’hui, il a moins honte de devoir présenter une fille comme moi. Je fais tous les efforts en mon pouvoir, pour devenir normale.

J’espère avoir rapidement de tes nouvelles. Tu me manques beaucoup.

Je t’embrasse,
Ta fille, Young Nae. »

Deux ans après, j’étais de retour en Corée, ayant reçu bien assez de cours, pour avoir un minimum de prestige aux yeux de mon père. Enfin, c’est ce que j’espérai lorsque ma tante, tout sourire m’avait informé que ma mère avait voulu me faire rapatrier en Corée, alors qu’elle retenait ses larmes.

« Tatie, je te promets que ce ne sont pas des adieux, tu m’as apprit bien trop de choses pour que je te laisse tomber. On se reverra très vite. »

J’avais vécu la même scène que ce matin de printemps. Le regard plongé dans les yeux de ma tante, je lui adressai un grand sourire, avant de la prendre dans mes bras. Cette femme avait marqué ma vie, comme la plume marque la feuille vierge. Elle m’avait apprit à rire, et à être heureuse, et je lui devais énormément. Mais il était temps pour moi de retrouver les miens. Ceux que j’avais quitté neuf ans auparavant.

Lorsque je suis rentrée à la maison, un nouveau conflit éclata avec mon père, qui fit preuve de violence envers moi. Ce fut l’une des raisons de notre départ précipité, à Min Jae, ma mère et moi. Encore une fois, je me retrouvais à partir dans un nouveau pays : les Etats-Unis. Mais c’était différent cette fois. Je n’étais pas seule. Je n’étais plus seule.

Nous étions partis depuis seulement trois ans, que déjà Min Jae demandait à rentrer en Corée. Ce fut un vrai manque pour moi de le voir ainsi quitter notre nouvelle demeure, en laquelle j’avais l’impression d’avoir trouvé une véritable famille, un petit cocon. Mais, rapidement, ma mère, affectée était devenu invivable, et suite à quelques soucis, elle rencontra des problèmes financiers. Ne pouvant plus supporter la charge d’un enfant, handicapé, qui plus est, elle préféra me renvoyer chez mon père, sachant que je pourrais compter sur Min Jae. L’espérant secrètement, pour ne pas culpabiliser de m’avoir laissé partir vivre chez ce monstre.

Mes pieds foulent finalement le sol de la Corée, alors que mon cœur accélère à chaque fois que je me rapproche de la demeure familiale. Que va-t-il se passer à présent… ?



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